Comment raconter une histoire ? Structurer, rythmer, captiver
- delcedo
- 3 juin
- 3 min de lecture
Raconter une histoire, ce n’est pas simplement enchaîner des faits. C’est transmettre une émotion, faire vivre une transformation, tenir son auditeur en haleine. Que ce soit sur scène, dans un cours d’improvisation, ou au détour d’un café, savoir raconter une histoire, c’est savoir guider l’attention. En improvisation, une bonne narration peut transformer une scène banale en moment magique. Et bonne nouvelle : ça s’apprend ! :)

Voici quelques clés pour mieux construire vos histoires, en vous appuyant sur des outils simples et efficaces.
Poser une structure claire de l'histoire : le jeu du "il était une fois..."
Un des outils fréquemment utilisés en impro pour structurer une histoire, c’est le canevas narratif simple, que l’on enseigne souvent avec le jeu :
"Il était une fois... tous les jours... mais un jour... alors... depuis ce jour..."
il était une fois : on plante le décor, on présente le personnage principal.
tous les jours : on installe la routine, le monde tel qu’il est.
mais un jour : l’événement déclencheur, celui qui vient tout bouleverser.
alors : les conséquences, les réactions, l’évolution de la situation.
depuis ce jour : la résolution, le changement durable qui reste. Et qui peut être le point de départ pour une autre histoire.
Ce schéma simple permet d'éviter les histoires qui tournent en rond ou qui s'arrêtent brutalement. Il crée un arc narratif clair, naturel et facile à suivre, pour vous comme pour le public.
Créer une tension : faire exister un enjeu
Une bonne histoire repose sur un enjeu. Ce n’est pas forcément une grande quête épique ; ça peut être aussi simple qu’un enfant qui veut voler un cookie sans se faire prendre. Mais il faut un désir, un obstacle, une question non résolue. C’est cette tension qui fait que le public a envie de savoir la suite.
Dans le jeu précédent, le "mais un jour", c’est là que le moteur dramatique s’enclenche. Si rien ne vient casser la routine, il ne se passe rien. Sans tension, pas de récit — juste un enchaînement de faits.
Utiliser les ellipses : sauter dans le temps avec style
L’ellipse est un outil précieux pour raconter efficacement. Elle permet de faire des sauts dans le temps sans s’embourber dans des détails inutiles. Elle aide à aller à l’essentiel, à maintenir le rythme de l’histoire.
En impro, vous pouvez par exemple dire : "quelques années plus tard, il n’était toujours pas revenu" ou "après des heures de marche, elle arriva enfin au sommet". Ces phrases simples évitent de jouer toutes les étapes fastidieuses, et permettent d’avancer dans le récit sans perdre l’auditeur.
L’ellipse, c’est aussi savoir quand s’arrêter. Il n’est pas toujours utile de "jouer la scène du lendemain matin" si le public a déjà compris ce qu’il s’est passé. On gagne en efficacité, en rythme, et en impact.
Soigner la fin : offrir une conclusion satisfaisante
Rien de pire qu’une histoire qui s’arrête brutalement, ou qui se termine par un "bon… voilà quoi !". Une bonne fin, ce n’est pas forcément une résolution parfaite, mais c’est une forme de clôture. Elle montre qu’un changement a eu lieu, que le personnage ou le monde n’est plus tout à fait le même qu'au début de l'histoire.
C’est le fameux "depuis ce jour" du jeu narratif. Même si tout n’est pas résolu, il faut que le public sente qu’un cycle s’est achevé.
Garder une cohérence simple : une seule idée forte
Ça c'est difficile ! Souvent on a 1000 idées en 10 minutes, et l'histoire part dans tous les sens : c'est l'histoire d'un garçon qui vivait dans un château, et qui part en foret et rencontre des licornes qui viennent de l'espace, et dont l'empereur des licornes est un méchant qui veut conquérir l'univers car sa grand mère a été dépossédée de la clé de vie, un objet magique qui permet aux chevaux d'avoir une corne et de parler. Et là c'est juste à l'écrit, imaginez à l'oral à plusieurs ce que cela peut donner !

En impro, on a parfois tendance à vouloir trop en dire, trop en faire. Or, une bonne histoire, c’est souvent une seule idée bien développée, plutôt qu’un mélange confus de personnages et d’intrigues secondaires. N’ayez pas peur de la simplicité. Une histoire simple, bien racontée, a souvent beaucoup plus d’impact qu’une histoire complexe et brouillonne.
Pour terminer...
Raconter une histoire, c’est poser un cadre, installer une attente, créer un basculement, et amener une transformation.
En impro, l’art du récit repose autant sur la structure que sur le rythme, la clarté et l’écoute du public. Grâce à des outils comme le jeu "il était une fois", à l’usage intelligent des ellipses, et à une attention portée à l’enjeu et à la fin, vous pouvez transformer n’importe quelle scène en un petit voyage narratif marquant !
Y a plus qu'à pratiquer !